« Avec Barbie, tu peux être tout ce que tu veux. ».
Barbie pourrait être un vecteur subtil d'influence dans les relations internationales. En tant qu'icône culturelle mondiale, elle a été diffusée à travers les frontières et a eu un impact sur les perceptions, les normes sociales et esthétiques dans différents pays. A sa commercialisation, Barbie devient un jouet avant-gardiste, loin des poupées de papier et des poupons à materner. Taille marquée, visage fin, jambes interminables, Barbie reflète le symbole d’une pin-up libérée. Son influence culturelle peut être perçue comme une forme de soft power, où des idées et des valeurs sont propagées sans recourir à la force : 2,5 poupées Barbie sont vendues toutes les secondes, soit près de 80 millions par an. 1 milliard de poupée depuis sa création.
Barbie, Témoin du Monde
Crée avant même que Neil Armstrong ne pose le pied sur la Lune, la première Barbie astronaute (1965) est une véritable pionnière. Avec sa combinaison technique et son drapeau, elle incarne le soft power américain et devient une vitrine pour les Etats-Unis.
En 1968, année symbolique pour les droits civiques des afro-américains, Mattel commercialise sa première poupée noire … sous un autre nom. Christie, présenté comme la nouvelle amie de Barbie, rencontre un immense succès auprès des américains. Il faut cependant attendre 1980 pour que la Barbie soit déclinée sous une couleur de peau noire.
Des Idéaux Fragiles
Au fil des décennies, Barbie s'est essayée à plus de 150 métiers. Vétérinaire, agent secret, docteur, footballeuse ...
"L'idée que je me faisais de Barbie était qu'à travers la poupée, la petite fille pouvait devenir qui elle voulait. Barbie a toujours incarné une femme qui a le choix", expliquait Ruth Handler, sa créatrice.
Féministe ? Sur le papier. En pratique, à nuancer.
"Barbie a le droit d'exercer des métiers d'hommes mais elle doit rester féminine, analyse Kévin Bideaux. Barbie va sur la Lune mais ses bouteilles d'oxygène sont rose […] ».
Barbie au Pays des Relations Internationales
Le film Barbie de Greta Gerwig est dans les salles françaises depuis le 19 juillet 2023. Pourtant, Ted Cruz, sénateur républicain, reproche à Barbie de « laver le cerveau des petites filles avec de la propagande chinoise ». Une accusation qui se base sur… une carte.
Dans l’intrigue du film, Barbie va devoir se rendre dans le vrai monde afin de retrouver sa perfection. Dans la bande-annonce du film, le vrai monde est montré à Barbie à l’aide d’une carte. Et c’est là que le scandale éclate.
Sur la carte du monde qui est utilisée dans le film, huit petits traits partent du continent Asie. Cette configuration rappelle la « ligne en neuf traits » des cartes chinoises. Cette ligne composée de neuf traits délimite une zone maritime sur laquelle la Chine affirme avoir une souveraineté territoriale.
La doctrine de la ligne en 9 traits affirme une souveraineté territoriale chinoise sur des zones disputées entre plusieurs pays comme le Vietnam et les Philippines, la Malaisie, Brunei ou encore Taïwan. En Chine, la démarcation est présente sur les cartes et documents gouvernementaux. C’est pourquoi plusieurs voix s’élèvent, aux États-Unis et ailleurs, pour dénoncer la présence de ces huit traits dans le film de Greta Gerwig. Le 3 juillet dernier, Vi Kien Thanh, chef du département de cinéma au Vietnam, a annoncé que le film Barbie serait interdit à la diffusion pour les mêmes raisons. Les autorités philippines ont également menacé Warner Bros de censurer complètement le film si la carte n’était pas floutée dans les salles du pays.
Bien qu'elle soit principalement perçue comme un jouet pour enfants, Barbie pourrait avoir une influence inattendue en matière de relations internationales. En tant que symbole culturel et reflet des normes sociales occidentales, la poupée a le potentiel de façonner les perceptions et les interactions entre les nations. Si Barbie est une arme géopolitique, c'est une arme de soft power, qui agit en coulisses pour façonner les idées, les valeurs et les représentations culturelles dans le monde